Financé par la Coopérative La Maison Familiale, le projet souhaite doter la ville d’un nouvel immeuble composé de logements collectifs. Ce projet pousse la standardisation et le niveau de préfabrication des composants à leur maximum. La structure comprend 294 appartements (de 7 différents types), sans équipements collectifs, mise à part l’école maternelle sur le toit-terrasse, un bureau de poste ainsi qu’une bibliothèque. Xenakis collabore étroitement avec Bernard Lafaille, ingénieur extérieur à l’agence, pour mettre en place une nouvelle structure, en suivant le principe de la « boite à chaussures » : il s’agit d’accumuler des cellules autonomes et autoportantes, reliées uniquement par des bandes de plomb. Contrairement à la structure utilisée à l’Unité de Marseille, ce système permet une économie considérable de temps et d’argent. Xenakis s’implique dans plusieurs phases de conception et de réalisation du chantier. Bien qu’il dirige simultanément l’organisation du chantier et valide les plans de coffrage pour certaines parties des façades, nombreux détails techniques et d’installations seront de sa main. C’est vraisemblablement en s’occupant de la conception de l’école maternelle située sur le toit-terrasse, que la ligne qui sépare l’architecture de l’ingénierie sera franchie. Sous le regard vigilant de Le Corbusier, Xenakis avance plusieurs propositions. Finalement c’est la musique qui donne, inconsciemment, le ton : les façades portent des fenêtres de quatre formats standards réparties selon une configuration aléatoire (qui rappelle sans doute la répartition « stochastique » de sa musique ultérieure), en s’inspirant librement de la forme des neumes grégoriennes.