L’art abstrait que Xenakis s’imagine continue à prendre corps. En 1971, c’est la cinquième édition du festival annuel des Arts de Chiraz-Persépolis, qui l’invite à en créer la cérémonie d’ouverture. De cette invitation, un Polytope en plein air verra le jour. Au programme : spectacle de sons, de lumières au sein des ruines d’anciennes forteresses de l’empereur Darius II. Le public est debout et se déplace parmi les six pôles d’écoute formés par huit haut-parleurs, diffusant chacun une piste de la bande son. Celle-ci contient Diamorphoses (7 minutes), Suivi de Persepolis (56 minutes). Quant à la lumière, le choix est prolifique : deux rayons laser, des projecteurs anti-aériens, des grands feux de pétrole dispersés sur la colline en face des ruines. 150 enfants portant des torches parcourent cet espace. Le spectacle se produit une seule fois, le 26 août 1971. A cette occasion, Xenakis accepte la commande faite par l’impératrice d’Iran Farah Diba : la création architecturale de la Cité des Arts. Pourtant, les réactions de la presse locale à la suite du spectacle du Polytope suscitent une violente polémique que Xenakis n’est pas en mesure d’encaisser. Cinq ans plus tard, il déclinera la proposition pour un deuxième Polytope à Persépolis, en prenant ses distances avec le régime iranienne de plus en plus autoritaire.
