La matrice des œuvres qui combinent sons et lumières est issue d’une profonde aspiration de Xenakis pour l’art abstrait. Elle verra pour la première fois le jour à Montréal, en 1967, lorsque Robert Bordaz – commissaire du Pavillon Français à l’exposition Universelle – demande à Xenakis de composer la musique pour un diaporama sur le thème de Cristaux. A la place d’une séquence d’images et de sons, le compositeur propose une « sculpture électronique qui combine lumière, musique et structure » aux propriétés suivantes : autour du vide central engendré par les sept étages du pavillon dessiné par Jean Faugeron, il forme cinq paraboloïdes hyperboliques en câbles d’acier sur lesquelles 1200 flashes électroniques sont répartis et varient tous les 25èmes de secondes (seuil de perception par l’œil humain). Une fois par heure, pendant huit minutes, le spectateur perçoit ces mouvements de lumière au centre du pavillon. Il peut, par ailleurs, se promener sur les étages, monter et descendre et modifier ainsi son point de vue sur l’installation. Après ces huit minutes, le tout revient à son état naturel. Le rythme d’illumination de flashes se fait à partir de structures de groupes mathématiques. Xenakis pense aussi à l’automatisation du spectacle lumineux, avec une bande commande, qui nécessite toutefois l’intervention humaine. La musique diffusée (Le Polytope) est pour quatre ensembles identiques, enregistrée sur bande et spatialisée dans le pavillon Français.