La prochaine étape dans les spectacles de sons et de lumières de Xenakis sera d’automatiser entièrement leur déroulement. L’occasion lui est donnée par Michel Guy lors du festival d’Automne à Paris en 1971. Le spectacle a lieu dans les Thermes romains du musée de Cluny à Paris, qui, étant classé monument historique, interdit toute intervention s’appuyant sur les murs de l’abbaye. Xenakis produit un échafaudage qui ressemble à une grille cartésienne et qui vient doubler intérieurement les voûtes. Tout l’appareillage lumineux sera fixé sur cette ossature : 600 flashes électroniques et 3 rayons laser (rouge, bleu, vert). On y ajoute des miroirs fixes et pivotants pour séparer, multiplier, faire réfléchir les rayons ou bien créer des illusions par leur direction et leur nombre. La musique Polytope de Cluny est enregistrée sur 7 pistes. Une huitième est utilisée pour la programmation, qui contient les événements visuels ainsi que la musique d’une durée de 24 minutes en langage Fortran 4. Pour la première version du spectacle (1972-73), le public est totalement immergé par les tracés de lumière, en étant couché ou assis par terre. Lors de la deuxième version du spectacle (1973-74), les lasers sont posés à 2,50 m du sol (pour des raisons de sécurité) et touchent désormais les spectateurs, les incorporant ainsi dans le spectacle. Le Polytope de Cluny rencontre un grand succès et pendant deux ans, 100 0000 spectateurs vont voyager dans cet univers lumineux et sonore.